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8 mars 2008

Bérénice

Bouffes_du_NordHier, soirée théâtre aux Bouffes du Nord avec l'Anglais. Au programme, Bérénice, de Racine, classique parmi les classiques et chef-d'oeuvre (à mes yeux) de la littérature du XVIIème siècle. Le théâtre des Bouffes du Nord est un lieu superbe, avec des colonnades, un décor en pierre et mosaïque de marbre, une coupole en fer forgé aux motifs de lyre... et les sièges sont plutôt confortables ! Seule ombre au tableau : nous sommes cernés, à gauche par un groupe de scolaires, à droite par un couple de personnes âgées atteintes de bronchite.

Bérénice, c'est une histoire d'amour contrariée entre Titus, nouvel empereur de Rome, et Bérénice, reine de Judée. Tous deux doivent se marier, mais la loi romaine interdit à l'empereur d'épouser une étrangère, qui plus est reine. Titus prend donc la décision douloureuse de la renvoyer dans son royaume sans l'épouser, ce qui provoque un torrent de larmes et de protestations. Un troisième personnage, Antiochus, roi de Commagène, est amoureux de Bérénice sans retour et ne sait s'il doit se réjouir ou s'atterrer de la mauvaise fortune de celle-ci. Tous trois finissent néanmoins par se soumettre à la raison politique, et se séparent définitivement.

BereniceLa pièce, mise en scène par Lambert Wilson, est empreinte de la majesté et de la gravité qui seyent au sujet, mais paraît parfois trop froide. L'introduction, muette, permet de souligner l'angle sous lequel la pièce est présentée : le rapport de Titus au pouvoir et le fait que la dignité impériale n'accepte aucune autre passion.
Carole Bouquet et Lambert Wilson sont de bons acteurs, mais leur interprétation est trop froide, académique, les alexandrins ne parviennent pas à nous toucher. La lenteur dont ils font (un peu trop) usage quand ils sont face à face alourdit malheureusement la tension dramatique.
En revanche, l'interprète d'Antiochus est remarquable : il parvient, malgré les vers, malgré les quelques lourdeurs scéniques, à faire passer une émotion puissante. Son personnage est littéralement submergé par l'amour, la jalousie et la colère, et nous avec. Au cours de son premier monologue, qui est une exposition de ses sentiments pour Bérénice, de ses hésitations à la voir et à lui parler, et une admonestation à la raison, il lance un "Eh quoi !" qui trahit d'un seul coup toutes les passions rentrées du personnage. Son partenaire qui interpète Arsace (confident d'Antiochus) est également très bon, jouant tout en finesse la rouerie du personnage.
Enfin, une mention spéciale à Georges Wilson (le père de), qui, malgré son grand âge (plus de 80 ans), joue avec talent Paulin, conseiller de Titus. Sa présence sur scène est incroyable : bien qu'assis et presque immobile, face à un Titus toujours hésitant, il attire toute l'attention. Il parvient en outre à intégrer dans son jeu la canne avec laquelle il est forcé de se déplacer.

Lambert_WilsonMalgré ses faiblesses, cette pièce est remarquable et je vous invite fortement à aller la voir. Cependant, l'importance du casting rend les réservations assez difficiles. Racine reste un auteur intemporel, si tant est qu'on sache l'adapter au goût de l'époque.

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